Page:Poisson - L'actrice nouvelle, 1722.djvu/33

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L’ABBÉ.

Non pas, c’eſt à Chimene.

L’ACTRICE, continuë.

“ Puiſque pour t’empécher de courir au trépas,
“ Ta vie & ton honneur ſont de faibles appas,
“ Si jamais je t’aimay, cher Rodrigue en revanche,
“ D’effends toy ſeulement pour m’oter a Dom Sanche ;
“ Combats pour m’affranchir d’une condition.

LE FINANCIER.

Luy combattre l’Abbé ;

LA BARONE.

Vous ne ſçauriez, vous taire
Monſieur.

LE FINANCIER.

D’un coup de Buſque il tomberoit par terre.

L’ACTRICE, continuë.

“ Et ſi pour moy tu ſens ton cœur encor épris,
“ Sors vainqueur d’un combat dont Chimene eſt le prix.
“ Adieu ce mot laché, me fait rougir de honte.

L’ABBÉ, toujours froidement.

“ Eſt-il quelque ennemy qu’à preſent je ne dompte ;

LA BARONE, en ſe levant.

On ne peut jouer mieux il le faut avoüer ;
Qu’en dittes vous, Meſſieurs ?

LE CHEVALIER.

On ne peut que loüer, ſur tout monſieur l’Abbé.
Madame il a fait rage

L’ABBÉ, doucereuſement.

Vous penſez vous moquer mais je ſuis tout en n’age,
Avec elle en joüant on ſent je ne ſçay quoy,
Qui dans la paſſion fait entrer malgré ſoy,

LA BARONE.

Elle ſera reçûë, elle s’y doit attendre ;