Page:Polichinelle, 1906, éd. Kahn.djvu/16

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
14
Polichinelle

vots de Polichinelle, avait pour son héros bien d’autres ambitions ; au dire de Nodier, Bayle qui raffolait de Polichinelle, et que la chronique accuse, avec ce brin d’exagération qu’elle apporte à tout, d’avoir passé tout son temps devant Polichinelle, Bayle qui a fait la biographie de tout le monde, n’aurait pas fait la biographie de Polichinelle, par timidité, interloqué devant la grandeur de son héros. C’est que Nodier, s’il n’est point tout à fait un romantique, voisine avec le romantisme ; il en a les rodomontades, les espagnolades, il ne dédaigne point de soulever son sujet sur les vagues de la métaphore, et de s’en aller avec lui, roulant et tanguant du lyrisme à la grandiloquence. À distance, après tant d’autres audaces qui suivirent, Nodier nous apparaît un sage parfait, un bibliothécaire qui eut à son heure sa crise de stryges et de goules, un lexicographe qui se lança dans la fantaisie, un folk-loriste ému et pieux. C’est vrai pour une part de son œuvre, mais non pour l’admiration qu’il porta à Polichinelle. Un jour le libraire Ladvocat trouva que ses affaires étaient peu prospères ; pour les rétablir, il eut l’idée de s’adresser à ses édités, aux amis de ses édités, à ceux qui auraient pu être