Page:Polonius - Poésies, 1827.djvu/114

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Et voilà qu’entravé dans son cours triomphant,
Il s’arrête, et demeure étendu tristement
      Dans le sable et la fange immonde.

Adieu rêves, projets, gloire, espoir séducteur !
Ivresse du succès, plénitude du cœur !
Oh ! qui les lui rendra ces nuits, ces jours sans nombre,
Ces temps qu’il a perdus en poursuivant une ombre ?
Que sert d’avoir pâli sur des livres ingrats,
Si tout ce qu’il cherchait il ne le trouve pas ?
Que sert de s’élever au-dessus du vulgaire,
Si son vol imparfait quitte à peine la terre,
Quand le génie altier, loin, bien loin de ses yeux,
Insulte à sa faiblesse, et se perd dans les cieux ?
Hélas ! il aura fui les jeux et l’allégresse,
Les danses, les banquets où la foule s’empresse,
Et pourquoi ? — pour se voir, au néant condamné,
Dans le commun abîme avec elle entraîné !
Pour aller où s’en va l’insecte errant sur l’onde,
Qu’emporte à l’océan la feuille vagabonde !…
Ah ! cet insecte au moins ne comprend pas son sort :