Page:Polonius - Poésies, 1827.djvu/23

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Tu l’as donné sans y songer,
Comme un jeu que permet le monde,
Comme en riant l’enfant léger
Jette une fleur au sein de l’onde.
La fleur tombe, et sans reposer
L’onde l’emporte dans sa fuite :
Plût à Dieu que de ton baiser
La mémoire eût passé si vite !

Il a marqué d’un sceau brûlant
La place ou s’imprima ta bouche ;
Il erre, il court dans tout mon sang ;
Il me consume sur ma couche.
En songe, il jette dans mon cœur
Mille espérances vagabondes ;
D’amour, d’extase, de bonheur,
Lui seul m’a révélé des mondes.

Espoir divin, bonheur trop cher,
Dont l’impuissance me dévore,