Page:Polonius - Poésies, 1827.djvu/52

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Trop timide, ou trop fier pour demander au monde
Ce qu’on n’obtient de lui qu’en rampant sous sa loi,
Ruisseau mystérieux, j’ai peu mêlé mon onde
A l’océan troublé qui roule autour de moi.

Ah ! si, fuyant jamais le calme de l’étude,
Du besoin d’être ému ton esprit tourmenté
S’agite sur lui-même, et, dans sa solitude,
Appelle un champ plus vaste à son activité ;

Si l’Ennui, noir démon, spectre mélancolique,
A pas insidieux près de toi se glissant,
Tout à coup vient t’offrir son miroir fantastique,
Et t’y montrer le monde à l’horizon brillant ;

Jette au loin, foule aux pieds cette glace perfide ;
Écarte le fantôme et ses prestiges vains,
Et crois qu’on est moins seul, au sein même du vide,
Qu’isolé dans la foule au milieu des humains.