Page:Polonius - Poésies, 1827.djvu/53

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Si tu n’es pas compris ; si ta pensée oisive,
Comme un son sans écho, souvent tombe et languit,
Tu ne la vois jamais, errante, fugitive,
T’échappant malgré toi, se perdre dans le bruit.

Quand ton jour est passé, quand ta tâche est remplie,
Ton seuil silencieux s’ouvre pour t’accueillir ;
Là, tu peux oublier ce monde qui t’oublie,
Ou, s’il te pèse ; encor, le maudire à loisir.

Mais tu n’as pas connu cet odieux martyre
De suivre, par devoir, des plaisirs que tu hais ;
De plier, de forcer tes lèvres à sourire,
Quand l’ennui, malgré toi, s’échappe de tes traits.

Tu n’as pas vu tes jours, tes ans, ta vie entière,
Comme une eau que disperse et dessèche le vent,
Sans profit, sans retour, au souffla du vulgaire,
S’enfuir, s’évaporer dans l’éternel néant.