Page:Ponchon - La Muse au cabaret, 1920.djvu/136

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Être grossier — va-t-on me dire —
Que la gastronomie attire !
Pardon !… Je ne prétends pas qu’il
Faille faire un dieu de son ventre,
On ne doit pas, non plus, que diantre
Le traiter comme un seigneur vil.

Pourquoi faudrait-il que je fisse
Le ridicule sacrifice
De mon goût ? Pourquoi de mon goût ?
Il a même voix au chapitre,
Et m’intéresse au même titre
Que mes autres sens, après tout.

Qu’un savant, tout à ses problèmes,
Comme un poète à ses poèmes,
Ne mangent que pour le « besoin »
Ils n’en font pas moins leur ouvrage ?
Mais ils en feraient davantage
S’ils mangeaient avec plus de soin.

Oh ! cette indifférence atroce
De gens qui soignent leur carrosse,
Et ne s’attardent du tout pas
À ce qu’ils mangent ou qu’ils boivent ;
Et qui, de ce fait, ne conçoivent
En quoi consiste un bon repas !