Page:Ponchon - La Muse au cabaret, 1920.djvu/137

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Ils inviteront à leur table,
Autour d’un dîner lamentable,
Des convives mal assortis ;
C’est, d’ailleurs, le premier reproche
À leur faire. La chère est moche,
Et le vin n’est pas garanti.

Après telle fâcheuse agape,
Parfois votre hôte vous attrape :
« Vous êtes gai comme un tombeau !
Dit-il. D’où vient cet air maussade ?
Est-ce que vous seriez malade ? »
Vous pourriez répondre à ce veau :

« Parbleu ! ne t’en prends, misérable !
Qu’à toi-même, à ton affreux vin,
Ta maigre chère… Mon cerveau
N’est pas ce qu’un vain peuple pense,
C’est quand satisfaite est ma panse,
Qu’il s’éveille et qu’il fait le beau.

« Et si c’est par pure lésine
Que tu grattes sur ta cuisine,
C’est compromettre ton dessein :
Car l’argent que l’on ne dispense
À son cuisinier — belle avance ! —
On le donne à son médecin. »