Page:Ponchon - La Muse au cabaret, 1920.djvu/207

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Aurais-tu rêvé, loin de moi,
D’une condition meilleure ?
N’es-tu pas trop vieille, à cette heure ?
Personne ne voudrait de toi.

Pourquoi me faire cette tête ?
Mon dieu… si je ne te plais plus,
Tous discours seraient superflus.
Mais quoi ! réfléchis, sois honnête :

Tu n’avais pas un traître sou,
Au début de notre collage,
Et, pour quant à ton pucelage,
Il était le diable sait où ?

Tu n’étais pas, quand je t’ai prise,
En tout grosse comme le poing ;
D’où vient ce léger embonpoint…
Et ce joli teint de cerise ?…

Ne vient-il pas uniquement
Du beurre que je te baratte ?
Ah ! je te trouve bien ingrate,
Et bien oublieuse, vraiment.

Rappelle-toi que nous vécûmes
De beaux jours, aimant et rêvant,
Libres comme l’air et le vent,
Loin des foules et des bitumes.