Page:Ponchon - La Muse gaillarde.djvu/18

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D’un tas de proprariens vous allez être en butte :
ça n’est pas ce qui manque, on le sait, sur la Butte.
L’un vous proposera de vous flanquer des paings,
L’autre de vous poser simplement des lapins ;
Des individus bruns qui parlent plusieurs langues
Viendront vous assaillir de squammeuses harangues :
Tels que ce beau garçon, dans un procès récent,
Tellement du Midi qu’il n’avait pas d’accent.
— Croyez-moi, je le tiens de la grande baronne,
Une langue suffit pourvu qu’elle soit bonne.
Ce capital se perd, d’habitude, en tombant
Sur le bi, sur le bout, le bi du bout du banc,
Sur un tas de cailloux, et, (la chose s’est vue)
Quelquefois même en revenant de la revue.
Généralement on n’en fait qu’un seul repas,
Et comme Boulanger, dame, il ne revient pas.
Le bougre, quand il part, enfile une venelle
Et ne s’arrête plus qu’en la nuit éternelle.

Mais le Printemps en vous fait du charivari,
Il vous faut un amant à défaut d’un mari.
Aussi bien, je m’en vais en qualité de maire
Vous donner là-dessus quelques conseils de père :
Ne prenez pas, ma fille, un amoureux trop vieux,
En amour il n’est pas assez laborieux ;
N’allez pas pour cela vous ruer sur un jeune,
L’indigestion ne vaut pas mieux que le jeûne.
Qu’il ne soit pas trop beau, car on vous le prendrait.
Qu’il ne soit pas trop laid, on vous le laisserait.
Qu’il ne soit ni petit ni grand, ô citoyenne,
Choisissez-le plutôt d’une bonne moyenne,