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Page:Ponchon - La Muse gaillarde.djvu/19

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Méfiez-vous aussi des gens qui sont trop gras :
Les gras s’en vont en deliquium dans vos bras ;
Et des maigres : le maigre est toujours un peu maigre.
Entrelardé vaut mieux. N’essayez pas du nègre :
Avec lui ce serait un tout à fait autre air.
Ma fille, voyez-vous, ce suppôt de l’enfer
Est plus noir au dedans qu’il n’est à la surface :
Jamais vous ne pourriez le contempler en face.
N’admettez pas non plus pour votre compagnon
Un de ces gens sans yeux, qui portent un lorgnon ;
Dans la peau, quand ils vous embrassent, ça vous entre,
Quelquefois même ils vous en écorchent le ventre.
Ne vous jetez pas sur les hommes chevelus,
On les lâche d’un cran lorsqu’il ne les ont plus.
Ni sur les chauves : bien que ces messieurs les chauves
Se comportent fort bien dans le sein des alcôves.

Bref, je crois qu’ici vous trouverez un époux.
Mais permettez, avant de m’éloigner de vous,
Que mes longs cheveux blancs que leur néant décore
Vous donnent, mon enfant, quelques avis encore.
Quand vous avez chez vous le plus petit bijou,
Les Pranzini avec votre cou font joujou,
Davantage il ne sert d’avoir une toquante
Qu’à savoir qu’on vous tue à cinq heures cinquante,
Par exemple ; est-ce pas inutile ? Mais si.
Sachez encore pour votre instruction ceci :
Dans un gouvernement qui veut être prospère
Le général Paulus est toujours nécessaire.
Enfin, si vous toussez, voilà l’essentiel :
Prenez aussitôt des pastilles Géraudel.