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Page:Ponchon - La Muse gaillarde.djvu/202

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Influencera ma pensée,
D’une façon folle, insensée
Ou raisonnable tour à tour.

Ainsi, par exemple, une rose
Me distraira de toute prose.
Je songe à des vers radieux.
Comme des fleurs elle est la reine,
Pour plaire à cette souveraine
Il n’est que la langue des Dieux.

Si je porte un lis pur et chaste,
Au moins tant que dure son faste,
En moi fleurit un autre lis.
Que voulez-vous ? un rien me pare…
Mais j’ajoute qu’il est bien rare
Quand la fleur qui m’orne est un lis.

Si c’est quelque étrange orchidée
Plus encore étrange est l’idée
Qui s’empare de mon esprit.
Est-ce au contraire une ancolie ?
— La rime veut mélancolie —
C’est donc elle qui me meurtrit.

Lorsque à ma boutonnière éclate
Un coquelicot écarlate,
Je suis orgueilleux comme lui.
D’être rouge aussi je m’efforce,
Je bois comme un muletier corse,
Et je vais méprisant autrui.