Page:Ponchon - La Muse gaillarde.djvu/207

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


Ce fol orchis veut se moquer sans doute,
Malgré son luxe et son geste élégant
Il est aussi par trop extravagant :
C’est un oiseau qui bat de l’aile, écoute.

Aimez un peu ces fleurs de haricots.
Ces fines fleurs de lin, d’un bleu modeste,
Vont rafraîchir et câliner de reste
Vos yeux blessés par ces coquelicots.

Ce souci d’or fait un sacré tapage
À lui tout seul. Calmez-vous, fier souci ;
Si chaque fleur criait ainsi, merci !
Il faudrait fuir sur un autre rivage.

Heureusement qu’à côté de cela
Sont des asters, la sapience même,
Des dalhias idiots, mais que j’aime.
Oh ! les pavots sublimes que voilà !

Toutes ces fleurs aux pétales de flamme
Et d’aube claire et d’ineffables ciels,
Urnes d’amour où s’éveillent les miels,
Sont-elles pas vivantes, ma chère âme ?

Oui, leur cœur bat et palpite leur chair
Au moindre vol d’insecte qui les touche,
Et, c’est fleurir la pudeur sur leur bouche
Et leur suave haleine étonne l’air.