Page:Ponchon - La Muse gaillarde.djvu/229

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Gai paradis où des amoureux de vingt ans
Qui sont coiffés de grâce et vêtus de printemps
S’aiment ingénument dans les molles prairies,
Ô Vin ! débite-moi mille galanteries !

Temple prestigieux, rond, s’il n’est pas carré,
Sans cesse palpitant du rouge feu sacré
Qu’entretient chastement une jeune vestale,
Ô Vin ! habille-moi de pourpre orientale.

Torrent impatient dont les flots turbulents
Semblent un vol fantasque et brusque d’oiseaux blancs
Qui dans l’air irisé iraient semant leurs plumes,
Ô Vin ! je veux bondir sur tes folles écumes !

Mer éternellement pacifique : toujours
Le marin y connaît l’ivresse des retours
Sous les yeux bienfaisants des lointaines étoiles,
Ô Vin ! sillonne-moi d’espoirs, célestes voiles !

Église où sur l’encens et comme épris de ciel
Montent les chœurs divins de Bach et de Hændel
Multipliés vers Dieu par les orgues mystiques,
Ô Vin ! emporte-moi sur l’aile des cantiques !

Admirable festin où des rois très cléments
Boivent à la santé des poètes charmants,
Rois n’ayant que le Beau pour loi, le Beau pour culte,
Vin ! distrais-moi du mal par ton joyeux tumulte !