Page:Ponchon - La Muse gaillarde.djvu/230

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Éveil de la nature au joli mois d’avril
Quand un peu de douceur flotte dans l’air subtil,
Quand c’est poindre partout la sève rose et verte,
Vin ! sois-moi sur le Bien une croisée ouverte !

Fontaine de Jouvence où se baignent les dieux
Fais mon cœur toujours jeune et toujours radieux !
Miroir de vérité brillant comme la flamme,
Ô Vin ! qu’en mon ivresse on sache encor mon âme !

Ciel que ne peut fixer le regard ébloui
Où le soleil d’été demeure épanoui
Sans que dans l’Océan jamais il s’engloutisse,
Ô Vin ! dis à mes pas le chemin de justice !

Ville en fête ; voici le César triomphant
Porté par ses soldats comme un petit enfant,
Lui et son char paré du sang de la victoire,
Ô Vin ! ordonne-moi de mépriser la gloire !

Poème de tendresse écrit par Valmîki
Dont la seule lecture ennoblit le yoghi,
Que la bonté chez moi devienne machinale,
Ô Vin ! vin d’amarante et de pourpre automnale !