Page:Ponchon - La Muse gaillarde.djvu/283

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N’est-ce pas toi, vin pitoyable
Qui mets un rayon de soleil
Dans le cerveau du pauvre diable
Pour qui tout est nuit et sommeil.

Je te bois, vin de Sapience !
Et voici mon maître aux abois :
Tu m’infuses toute science,
Quand je te bois, quand je te bois.

Tu me plains et tu me consoles,
Tu me persuades le bien,
Tu me dis de bonnes paroles
Tout bas comme un ange gardien.

Quand je te bois, vin admirable !
Tout me ravit, flatte mes yeux,
Je trouve tout le monde aimable
N’importe quoi délicieux.

Toutes choses me semblent claires,
Vin véridique et triomphant ;
Et tu dissipes mes colères
Avec un sourire d’enfant.

J’ai l’illusion d’être juste
Et bon, innocent comme un nid,
Il me semble qu’un geste auguste
Sur mon front plane et me bénit.