Page:Ponchon - La Muse gaillarde.djvu/294

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Ô mes lèvres, entr’ouvrez-vous.
Mes dents, alignez vos rangées ;
Je m’en vais le boire à genoux,
À toutes petites gorgées.

Ce prince, en habit de velours
Est un bougre de conséquence,
Tâchez de lui faire un discours,
Ô ma bouche, plein d’éloquence !

Je veux qu’il trouve en mon palais
Une réception royale.
Vous, ma langue, rubis balais —
Vous allez baiser sa sandale.

Dans mon magnifique estomac
Il aura la plus belle chambre ;
Je l’encenserai de tabac,
De tabac doré comme l’ambre.

Sa noblesse de bon aloi
S’est montrée en mainte campagne.
Il se couvre devant le roi,
C’est un des plus grands… crus d’Espagne.

En se voyant si bien logé,
Bu de façon si méritoire,
Comme il a beaucoup voyagé
Il nous contera quelque histoire.