Page:Ponchon - La Muse gaillarde.djvu/82

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Vous autres, quelle veine !
À prendre la moyenne,
Vous arrivez sans peine
À vivre cent printemps !

Voilà qui me renverse,
Qui met ma tête en perce,
Moi qui croyais l’inverse,
Ô mousmés ! ô nounous !
Lorsque j’en vois sans cesse
De votre rare espèce,
En plein cœur de jeunesse
Mourir autour de nous.

Enfin, je veux l’admettre,
Si l’affirment les maîtres ;
Cela ne saurait m’être
Autrement à souci.
Vivez donc davantage,
Vivez cent fois notre âge…
Ah ! le triste avantage,
S’il en était ainsi !

Mais non, pauvres petites,
Vous vivez décrépites.
Mais vous faites faillite
Beaucoup plus tôt que nous.
Il faut vous battre en brêche,
Il faut qu’on se dépêche
De baiser vos chairs fraîches,
D’embrasser vos genoux.