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Où l’on te nommerait le Sultan des étoiles,
Si tu retournais à présent.

Tu n’as pas vu Coudon, ce mont d’étrange forme,
Ce monstre de granit qui semble un léopard
Guettant incessamment, comme une proie énorme,
Le vaisseau qui rentre ou qui part.

Tu n’as pu contempler, dressant son front rebelle,
Notre haute falaise, au verdàtre penchant,
Découpant, chaque soir, une noire dentelle
Sur le fond pourpré du couchant.

Un jour le Romulus, d’héroïque mémoire,
Ébranla ces rochers du bruit de ses canons,
Que l’écho répéta, comme un hymne de gloire,
Dans les entrailles de nos monts.

Ce bruit y roule encore… et, sur la Place d’armes.
Oublieuses des morts, ivres de vains succès,
Nos femmes, accourant, ont paré de leurs charmes,
Un bal ouvert pour les Anglais !

Mais de nos souvenirs déchirons cette page.
N’as-tu pas entendu la mâle et douce voix
Des mousses voltigeant de cordage en cordage.
Comme les oiseaux dans les bois ?