leur a répondu qu’ils manquaient complètement de souffle, d’inspiration et d’originalité, et, ce qui est malheureusement plus vrai, qu’ils s’occupaient beaucoup trop d’eux-mêmes et pas assez de la foule dont ils prétendent commander l’admiration.
L’unique raison de cette indifférence du public est sans doute celle-ci : c’est que la poésie de notre temps, toute question d’art et toute accusation de décadence à part, est restée trop exclusivement individuelle, trop routinière du passé des traditions duquel elle ne sait pas ou ne peut pas s’affranchir ; c’est qu’elle n’a pas su associer suffisamment le sentiment artistique et pittoresque, qu’elle possède d’ailleurs au plus haut degré, avec la pensée et le sentiment humains ; c’est qu’elle n’a pu encore trouver une forme de manifestation capable d’émouvoir la génération actuelle qui a certainement d’autres goûts, d’autres besoins et d’autres idées que les générations qui l’ont précédée. Maintenant, on me demandera avec raison, au nom de la plus élémentaire logique, pourquoi étant si pénétré de cette indifférence générale à l’égard des vers et n’ayant certes