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Page:Poncy - Poésies, vol. 1, 1867.djvu/124

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J’y vois échelonnés de nombreux matelots ;

Ils vont sécher, au vent des flots,

Leur voile humide encor des larmes de l’aurore.

Vogue, pécheur, et chante encore !


chant du pêcheur


« Je n’ai jamais quitté la rive où je suis né.
On m’a dit que, bien loin du climat fortuné

De ma tiède et verte Provence,

J’aurais vu des cités qu’inonde l’opulence.
Mais, au-dessus des monts où mon âme s’élance,
Ne vois-je pas un ciel, comme partout ailleurs ?
Ne resplendit-il pas des plus riches couleurs,
Ne révèle-t-il pas une vie éternelle

D’amour, de joie et de bonheur,

Et ne chante-t-il pas, quand sa voûte étincelle,

La gloire du Dieu créateur ? »

— Nous y voici ! Rasons l’arrière
De l’énorme vaisseau de guerre
Dont les triples rangs de canons
Sortent, pareils à des lions,
Leurs têtes hors de leur tanière.

J’aperçois, sur le pont, l’intrépide marin
Au poste désigné courir avec entrain.