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Arrète encore, ami ; mais c’est une féerie !

Je découvre le fond des mers,
Où, comme une fraîche prairie,
S’étend la mousse aux cheveux verts.
Vois la sèche au ventre d’ivoire,
Le homard aux flancs de corail,
La dorade dont la nageoire
S’agite comme un éventail ;
La vive et gracieuse anguille
Se glissant sous l’algue qui brille,
Et la murène au dos d’émail !

Ainsi les hôtes de l’onde,
Pareils à ceux de ce monde,
Ont leurs champêtres séjours ;
Et la féconde nature
Leur a donné la verdure,
Puis une forêt obscure
Pour y cacher leurs amours…


Les rochers que la mer encadre

Montrent, dans les brouillards, leurs fronts noirs et chenus

Et les manœuvres de l’escadre
Jettent au loin des bruits confus ;
Le parfum des mers s’évapore…
Je veux voir de près ces vaisseaux

Qui viennent de quitter les rivages du Maure ;