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Comme on entend, sous la verdure,
Couler l’harmonieux ruisseau !


« Le flot, comme un amant fidèle
Qui suit l’objet de ses amours,
S’attache aux pas de la nacelle.
Il lui dit : « Ralentis ton cours.
Laisse-moi, coquette inhumaine,
Arrondir sur ton sein d’ébène
L’écume qu’à tes pieds je traîne…
Et la nacelle fuit toujours !

« Voici qu’une brise plaintive
Vient bercer les flots assoupis.
Chacun d’eux brille sur la rive
Comme un oiseau de paradis.
Car l’astre de la nuit se lève
Joyeux comme après un doux rêve,
Et sa lumière sur la grève
Blanchit les cailloux arrondis.

« Je chéris la clarté modeste,
Douce lune au front virginal,
Qui pends sous le plafond céleste,
Comme une lampe de cristal.
Sur la mer belle, mais perfide,
La nuit ta lumière nous guide,