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XX
notice

sa tête glisser en arrière, je l’avais, avec un foulard, attaché autour de ma taille. Aucun bruit ne venait de la terre, pas même celui du pas des chevaux, dont le pied s’enfonçait doucement dans le sable. Mais de la haute mer jusqu’à la rive, toujours, par intervalles réguliers, solennels, s’élevait, se renforçait, se brisait un son plein et majestueux , qui battait comme une mesure éternelle à la vie du monde, sur notre passage d’un instant.

La voilà, m’écriai-je, voilà l’idée de l’infini, l’idée de l’éternité ! Elle n’est pas dans l’étendue, elle n’est pas dans la profondeur, elle est dans le bruit de la mer, dont le flot toujours renouvelé frappe sans cesse le rivage ! Chaque mugissement de la vague marque la mort d’un homme ; et la vague mugit la nuit comme le jour, maintenant que nous passons près d’elle, et dans une heure quand nous n’y serons plus : sur les plages désertes comme sur les rives fréquentées. Depuis quand ? jusques à quand ? Réponse perdue dans l’immensité !

Il y a trois choses, voyez-vous, chez nous, dans le midi, qui, à elles seules, feraient un poète ; et ce sont elles qui ont fait Poncy. Trois