avoir longtemps porté et promené en ses flancs, dans l’étendue des mers, un Christ, le dépose doucement sur le rivage et que le poète lui demande d’où lui vient ce saint et mystérieux fardeau.
Ce que j’aime en lui par-dessus tout, c’est la pure et simple, mais invariable moralité de sa vie comme de ses vers. On dirait qu’il a conçu par intuition cette haute et suprême destinée de la poésie, qui est de pousser l’homme toujours et en tout, vers l’amour du beau et du bien. — Dans tous ses vers d’intérieur, que je pourrais nommer des chants d’atelier ou de chantier, qu’il adresse aux ouvriers ses camades, et qui courent dans toutes les bouches, il n’en est pas un qui ne respire une bonne et franche direction morale. Il sent l’influence du poète sur ces masses qui lui sont dévouées, et, tout jeune qu’il soit, il l’utilise pour le bien. Dans ceux que lui inspire un sentiment passionné, dont l’entraînement, à son âge et sous le ciel du pays qu’il habite, est vif et brûlant, il y a toujours un voile de pudique blancheur et une suavité virginale qui ajoutent au charme poétique. Celle à qui il les adresse est une