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II


Je vous avais construit une frêle nacelle,
Ô mes amis ! Les flots de la publicité,
Comme d’un alcyon, vinrent s’emparer d’elle ;
Et je crus que ces flots, où tout vaisseau chancelle.
L’engloutiraient bientôt dans leur immensité.

Mais vous m’avez lesté pour narguer le naufrage.
Vous avez soutenu mon téméraire essor,
De sorte, ô mes amis ! que mon petit ouvrage,
Sauvé par votre accueil et par votre suffrage,
Semble voler vers vous avec des ailes d’or.

Un habile pinceau que notre ciel inspire
De ses charmants dessins a décoré mes vers,
Comme nos charpentiers suspendent au navire
Que leurs bras vont lancer dans son liquide empire,
Des guirlandes de fleurs et de longs festons verts.

Oh ! merci. Je voudrais que ma reconnaissance
Pût vous être exprimée ainsi que je la sens.
Si ma voix de poète avait cette puissance,
Il est bien des amis que mon amour encense
À qui j’adresserais de sublimes accents.