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C’est que, lorsque la nuit tamise la rosée
Sur nos sommets natals, sur les toits des maisons,
Quand l’aube les rougit d’une teinte irisée,
Je sens que ma jeune âme est, comme eux, embrasée.
Qu’elle doit joindre aux leurs ses poétiques sons.

C’est que parfois, le soir, à l’heure où le jour tombe,
Quand je vois sur la mer dormir nos grands vaisseaux
Comme des spectres noirs couchés sur une tombe ;
Quand le ciel orageux s’obscurcit et se plombe,
Quand le mistral s’engouffre, en grondant sur nos eaux,

J’entends, au fond des mers, une voix qui me crie :
« Tu naquis pour chanter ; chante, enfant, tu le dois :
« Tu le dois à toi-même, au ciel, à la patrie.
« Le monde est un grand luth : pour qu’il résonne et prie
« Le poète sur lui n’a qu’à poser les doigts ! »

IV



Amis, jusques au bout je suivrai ma carrière,
Et, soit que je gémisse au froid de février,
Soit que le soleil d’août me hâle à sa lumière,
Vous entendrez toujours, ainsi qu’une prière,
Les bénédictions du poète-ouvrier.