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Veux-tu donc condamner le jeune enthousiaste
À s’éteindre, impuissant, sous un soleil glacé,
À languir sous l’éclat d’une étoile néfaste,
À mourir pauvre et délaissé ?

Pourquoi me brûles-tu, ma couronne d’épine ?…
Et, soudain, j’entendis, à ce troisième appel,
Le génie élever sa voix sombre et chagrine,
Et jeter sur mon sort cet oracle du ciel :
« Du Dieu qui la ceignit l’éclatante victoire,
" Du Tasse et du Camoens les destins rigoureux,
« Ont placé sur leur front l’auréole de gloire ;
« Souffre, et tu brilleras comme eux ! »

Brûle-moi, brûle-moi, ma couronne d’épine !
Brûle-moi, je le veux ! pour te porter, mon front
Puisera dans mon sein une force divine :
Brûle-moi… vers le ciel mes chants s’élèveront !
Mourir inaperçu sur cette triste terre..
Ah ! cette horrible idée a soulevé mon cœur.
Je monterai ma croix au sommet du calvaire ;
Je serai grand par la douleur !…


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