Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/103

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— Non, monsieur, répondit Jacomet, en se retournant, c’est le château du chef de brigade Solérol.

Le comte Henri tressaillit, mais il ne souffla mot.

— Comment, dit le capitaine, le chef de brigade habite par ici ?

— Voilà le château des Saulayes qu’il a acheté l’an dernier.

— Mais n’est-il pas de ce pays-ci ?

— Oui, fit dédaigneusement le comté Henri, c’est le fils d’un tabellion de Coulanges-la-Vineuse.

— Et il est marié, je crois ?

Le comte Henri ne put dissimuler une certaine émotion

— Oui, il est marié, dit-il.

— Avec qui ?

— Avec mademoiselle de Bertaut des Saulayes. C’est la Révolution qui a fait ce mariage… répondit Jacomet. Ah ! dam ! ajouta le bûcheron, ça n’a pas été sans peine.

— Comment cela ?

— Le chef de brigade n’est pas jeune, il n’est pas beau… et on disait qu’il était fièrement brutal.

— J’en sais quelque chose, dit le capitaine Victor Bernier, j’ai servi sous ses ordres.

— Faut croire, poursuivit Jacomet, qu’il n’était pas du goût de mademoiselle Jeanne, car elle s’est défendue longtemps.

— Mais enfin, elle a cédé ?

Tandis que Jacomet parlait, le comte Henri gardait un morne silence, interrompu quelquefois par un geste d’impatience, auquel le capitaine ne prit garde.