Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/104

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Mais Jacomet, devenu bavard, continua :

— On dit, — c’est les gens du château, du moins, — que madame la générale n’est pas heureuse. Le général est jaloux à faire frémir. Il n’y a pas un jeune homme qui se risquerait dans le parc, la nuit. Le général le ferait tuer…

— Comme c’est bien l’ancien colonel que j’ai connu ! murmura le capitaine Bernier en manière d’aparté.

— Et puis, acheva Jacomet, il tuerait sa femme ensuite.

Le capitaine se tourna vers son ami.

— Est-ce qu’elle est jolie la femme du chef de brigade ?

— Je ne sais pas, répondit brusquement le comte Henri.

— Comment ! tu ne sais pas… Tu ne l’as donc jamais vue ?

— Je l’ai connue enfant… mais son père, qui est mort il y a deux ans, avait toujours profondément haï mon père, et comme j’ai été compris dans cette haine, nous ne nous sommes jamais fréquentés.

Jacomet se prit à siffloter son air de chasse, et, une fois encore, le silence s’établit entre le comte et son ami.

Le vent du nord s’était levé et balayait la neige durcie et réduite en poussière à la surface.

— C’est tout de même une drôle d’idée que vous avez, monsieur Henri, reprit Jacomet, de vouloir aller ce soir chez le père Brulé.

— Je veux mon loup.