Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/122

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— Ah ! pour ça, oui, dit-il. Le bon Dieu ne reprend pas ainsi le monde…

— C’est qu’elle a tant souffert, pauvre enfant…

Et la mère Brulé continua à pleurer.

Sulpice lui prît la main :

— Tenez, dit-il, faut pourtant que vous disiez la vérité, mère, car je n’ai jamais su, au bien juste, pourquoi elle était partie…

La mère Brulé eut un nouveau geste d’effroi.

À son tour, Sulpice alla vers la porte et regarda dans la cour.

La cour était déserte.

Puis il revint vers sa mère :

— Personne ne nous écoute, dit-il, et à moins que vous ayez méfiance de moi.

— Méfiance ! s’exclama la mère Brulé, méfiance de toi mon pauvre enfant ? Ah ! mon Dieu !

— Eh bien ! alors, mère, dit Sulpice qui la fit asseoir auprès du feu et s’assit avec elle, dites-moi comment la chose est arrivée.

La mère Brulé jeta un dernier regard effrayé autour d’elle ; puis elle fit un suprême effort et se décida à épancher dans le cœur de son fils le secret qui la brûlait et la tourmentait depuis si longtemps.

— Te souviens-tu du temps, dit-elle, où mademoiselle Berthe de Vernières, tu sais la demoiselle du château des Roches, apprenait à chanter aux jeunesses de la paroisse pour le jour de la Fête-Dieu ?

— Si je m’en souviens ! dit Sulpice ; à preuve que ma