Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/131

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Et elle sortit juste au moment où les garçons de ferme, le pâtre, le dindonnier et le Bouquin rentraient.

Le poulailler, à la Ravaudière, était, comme dans bien des fermes, séparé des bâtiments.

Il était situé en dehors de la cour, à l’extrémité du potager, au bord d’une mare.

Construit en planches de peuplier et couvert de chaume, il était divisé en trois compartiments, — le premier réservé aux poules ; le second aux oies, le troisième aux canards.

Les dindons avaient, dans la ferme, une étable particulière.

Le plus court chemin pour y arriver était de traverser le potager.

Le potager était entouré d’une haie vive du côté des champs, et bordait à l’ouest, le chemin forestier qui vient de Courson et se dirige sur Fouronne.

En plus d’un endroit, cette haie avait des brèches.

Les gens de la ferme, peu respectueux pour les clôtures, ne se gênaient point, afin d’éviter un détour, de franchir la haie aux endroits où elle était le moins touffue.

Petit à petit, ils avaient ouvert des brèches, où un homme passait à l’aise et sans se déchirer.

La mère Brulé, qui s’était munie d’une lanterne, traversa donc le potager et se rendit au poulailler.

Dans les temps doux, et quand la mare n’était point glacée, on laissait la clôture des canards ouverte.

Mais, en ce moment, et comme depuis plusieurs jours, la mare était prise, on fermait la porte à claire-voie avec un lien de paille.

La mère Brulé entra. La lumière fit crier les canards,