Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/130

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— De quoi ! dit une voix moqueuse au seuil de la cuisine.

On se retourna et l’on vit le Bouquin qui entrait, un bâton sur son épaule et au bout de ce bâton une grappe de lapins.

— Ah ! petit drôle ! s’écria le père Brulé en enflant sa voix, diras-tu encore que tu ne braconnes pas ?

Et il lui arracha le bâton, jeta les lapins à terre, puis, faisant tournoyer le bâton, il lui en appliqua deux coups entre les épaules.

— Tiens, méchante gale ! dit-il, tiens, polisson !

L’enfant geignit un peu, mais il ne perdit rien de son insolence.

— C’est-y malheureux, dit-il, d’avoir des parents si bêtes que ça.

Et il se sauva, recommençant sa chanson :

Des gendarmes, le capitaine…

— Mes bons messieurs, murmura Brulé d’une voix émue, voilà bien longtemps que je me demande s’il n’y aurait pas moyen de corriger cet enfant, qui finira par tourner à mal. Je l’ai battu, puis je l’ai pris par le raisonnement… rien n’y fait. Il est perverti.

— Faites-le enfermer dans une maison de correction, ça le corrigera peut-être.

La mère Brulé avait étalé une belle nappe blanche sur le haut bout de la table, puis elle avait placé dessus des assiettes de faïence, des timbales et des couverts d’argent qu’elle avait retirés d’un bahut.

— Je vais chercher un canard, dit-elle.