Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/14

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Un bruit qui était un vacarme ; — un vacarme de coups de fouet qui cinglait l’air, de cris de valets et de postillons qui enjoignaient aux passants de se déranger, de piétinements de chevaux, arrachant au pavé mille étincelles.

Puis un flot de pas apparut, et la foule murmura d’admiration.

La voilà ! la voilà ! s’écrièrent cent voix…

On se pressa autour du carrosse et les chevaux furent contraints de s’arrêter, et des regards avides se portèrent vers le carrosse…

— C’est elle ! c’est elle !

— Qui donc cela ? demanda un provincial naïf, dont l’habit carré n’avait aucune élégance.

— Elle, la citoyenne Tallien… la reine des belles ! répondit un muscadin dans l’enthousiasme.

— Et la plus belle des femmes, ajouta un adolescent qui se précipita jusque sous les roues du carrosse en criant, bravo !

Marion, elle aussi, avait fendu la foule et s’approchait de la portière.

— Hurrah ! criait la foule.

— Vive la citoyenne Tallien ! répétaient cent voix.

Mais, habituée sans doute à de pareils hommages, la belle madame Tallien promena sur la foule un regard à demi dédaigneux et se contenta de saluer d’un léger mouvement de tête.

Ce fut en ce moment que Marion arriva jusqu’à elle.

— Madame, dit-elle, mon dernier bouquet, je vous prie.

La bouquetière avait à peine prononcé ces paroles, que