Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/154

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— Oh ! dit-elle, n’ayez pas peur… ce n’est pas pour lui… que je souffre !…

La mère Brulé eut un cri de joie :

— Eh bien ! tant mieux, dit-elle, et si tu souffres d’ailleurs, nous prierons tant et tant le bon Dieu qu’il te guérira !

— Pauvre mère, dit Lucrèce, qui rendit à la mère Brulé caresses pour caresses.

— Es-tu un peu réchauffée, mon enfant ? demanda la fermière.

— Oui, mère.

— As-tu pu manger ?

— Oui… et je n’ai plus faim… mais j’ai bien besoin de dormir, allez !… je suis si lasse !

— Eh bien ! dit la fermière, dors, ma fille chérie, et quelque bruit que tu entendes, ne sors pas… J’ai si peur de la colère de ton père !…

Sulpice et la mère Brulé bordèrent Lucrèce dans son lit, entassèrent des couvertures sur ses pieds, l’embrassèrent tendrement et sortirent.

— Mais que dira le Bouquin quand il viendra se coucher ? observa la mère Brulé, car c’est sa chambre où nous avons mis Lucrèce.

Sulpice répondit :

— N’ayez crainte, mère. Le Bouquin ne passe jamais la nuit à la ferme. Il s’en va tendre ses collets jusqu’au matin. Quand il rentrera, je serai levé… et je l’empêcherai bien de monter.

— Ah ! c’est que, dit la mère Brulé avec conviction, il