— Qu’est-ce que ça fait, mère ?
— Et d’entrer dans la chambre où est Lucrèce ?
Sulpice frissonna.
— Oh ! dit-il, j’ai peur qu’il ne la tue.
— Non, non, dit la mère Brulé avec force, il me tuera auparavant… n’aie pas peur.
Ils entrèrent à bas bruit dans la chambre où ils avaient laissé Lucrèce.
La pauvre mendiante, enveloppée dans les couvertures du lit, commençait à se réchauffer. Elle regarda sa mère et son frère avec un doux et triste sourire.
— Ah ! dit-elle, c’est bon d’être ici !
La mère Brulé lui prit la tête à deux mains et la couvrit de baisers.
— Mais, ma pauvre enfant, dit-elle, faut te méfier de la colère de ton père. Tu sais combien il est violent…
— Oh ! oui, dit Lucrèce avec un mouvement d’effroi subit.
— Je le préparerai à te revoir. Mais, ce soir, il est un peu allumé, ajouta Sulpice.
— Ah ! dit la jeune femme…
— Oui, se hâta de dire la mère Brulé, il a soupé en compagnie…
— Il y a du monde à la ferme ?
— Oui… des officiers… des chasseurs…
— Est-ce que M. Henri est avec eux ? demanda Lucrèce.
À cette question, la mère Brulé devint pâle comme une morte.
Mais Lucrèce se prit à sourire.