Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/181

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— Oh ! fameux, dit le Bouquin d’un ton moqueur, ça lui apprendra à réclamer son loup…

La lune, en montant à l’horizon, s’était cachée derrière le pignon du bâtiment à fourrages, et ce pignon jetait une ombre portée sur une partie de la cour.

Ce fut en cet endroit que les incendiaires traversèrent, de peur que quelque garçon de ferme ne fût éveillé et n’eût eu fantaisie de mettre le nez à quelque ouverture du troisième bâtiment.

Le corps de logis où la mère Brulé avait caché sa fille, où dormait le capitaine Victor Bernier, où se trouvaient les fourrages et les autres récoltes, celui, en un mot, qui était condamné à brûler, avait deux escaliers.

L’un, qui menait intérieurement aux trois chambres, aboutissait à un corridor, et au bout de ce corridor à un grenier où se trouvaient amoncelées des javelles destinées au chauffage du four.

L’autre, qui était extérieur et était en bois, comme l’échelle d’un moulin, servant au service du grenier à fourrage, lequel n’était séparé des chambres de réserve que par une cloison en torchis très-mince.

Ce fut vers cet escalier que Brulé conduisit les trois hommes noircis.

— Vous avez vos briquets, dit-il.

— Oui, maître.

— Ici, vous savez, les enfants, continua le fermier en riant, on brûle, mais on ne pille pas… Donc quand vous aurez mis le feu à la luzerne, au foin et à la paille, en cinq Ou six endroits différents, vous vous sauverez… Nous nous