Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/182

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reverrons demain… Hé ! le Bouquin, conduis donc les camarades !

— Est-ce que vous ne venez pas avec nous, papa !

— Non, je vais de l’autre côté…

— Ah !

— Je vais chauffer le capitaine, moi…

Et Brulé rasant le bâtiment, se dirigea vers le second escalier.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Cependant Lucrèce ne dormait pas.

La pauvre enfant, qui venait enfin comme le fils prodigue, mendiant son pain et les pieds ensanglantés, avait d’abord cédé à un premier accablement, et ses yeux s’étaient fermés… Un moment même elle avait, comme on dit, perdu connaissance et goûté quelques minutes d’un sommeil agité et fiévreux, mais elle s’était bientôt éveillée en entendant des voix et des pas.

Des pas qui gravissaient l’escalier, des voix qui parlaient haut.

Une la fit tressaillir, c’était celle du comte Henri.

Alors, bien qu’elle se fût vantée à sa mère de ne plus l’aimer, la pauvre enfant éprouva une émotion bien terrible ; ses tempes Bourdonnèrent et son cœur battit.

Elle descendit de son lit, se traîna jusqu’à la porte car elle n’avait plus la force de marcher, et elle appliqua son œil à une fente de la porte.

Elle vit d’abord passer Sulpice, puis sa mère, puis le comte Henri et le père Brulé, et enfin derrière eux le capitaine.