Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/186

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Cependant, celui qui les eût examinés de plus près eût remarqué la finesse et la blancheur de leurs mains, la délicatesse de leurs pieds, et jusqu’à la propreté merveilleuse du gros linge qu’ils portaient sous leur blouse. Avant que le bûcheron arrivât, ces deux hommes causaient à mi-voix :

— Ainsi, tu es arrivé, disait l’un, la nuit dernière à Auxerre ?

— Oui, mon cher chevalier, j’ai fait mes quarante-trois lieues à franc étrier déguisé en marchand de chevaux, et, ce soir, je suis venu d’Auxerre ici, où tu m’avais donné rendez-vous.

— À pied ?

— Le fusil sur l’épaule et un bâton à la main.

— Heureusement, les nouvelles que tu apportes sont assez bonnes pour te faire oublier la fatigue.

— Ça craque ! ça craque ! dit en riant le voyageur. Si nous opérons avec ensemble, dans deux mois la France sera gouvernée par le roi Louis XVIII.

— Dieu t’entende ! Cadenet…

Cadenet, car c’était bien le même personnage que nous avons entrevu dans le prologue de cette histoire, se leva et alla entre-bâiller la porte.

— Penses-tu, dit-il, que Jacomet tarde longtemps à revenir ?

— Je l’ai envoyé aux Saulayes.

— Porter mon billet ?

— Oui ; aussitôt que je l’ai eu, je suis venu ici et je l’ai remis à Jacomet.

Cadenet parut réfléchir.