Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/187

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— Il y a loin d’ici aux Saulayes, dit-il. Depuis quand est-il parti ?

— Depuis une heure environ.

— Eh bien ! causons en attendant. Qu’a-t-on fait ici, Machefer ?

— Rien… ou à peu près… Les quelques royalistes qui nous entourent manquent d’énergie… Nous avons essayé d’organiser une brigade de compagnons de Jéhu.

— Et vous n’avez pas réussi ?

— C’est-à-dire que nous avons été battus.

— Par qui ?

— Par les gendarmes, d’abord.

— Et ensuite…

— Par ce misérable Solérol.

— Le chef de brigade ?

— Oui.

— Oh ! celui-là, dit Cadenet, il me passera par les mains, je te le promets. Et Henri ?

— Henri est amoureux… voilà tout…

— Il va donc tous les soirs aux Saulayes ?

— Tous les soirs. Une seule chose m’étonne, c’est que le chef de brigade ne le fasse pas assassiner…

— Peuh ! fit Cadenet, il n’est pas jaloux, ce bon général. Il a le château, les terres, l’argent… il ne tient pas à la femme…

— Cependant, murmura Machefer d’un ton ironique, il n’est pas heureux…

— Tu crois ?

— Oui certes, car il est en disponibilité, et le Directoire ne veut de ses services à aucun prix.