père, suis Bourguignon par ma mère, je possède assez bien l’armorial de l’ancienne province pour te dire leur généalogie. Les Jutault sont allés à la seconde croisade avec le premier baron de Chastelluz.
— C’est vrai.
— Ils ont eu des capitaines aux archers des ducs de Bourgogne, un capitaine des gardes de Henri II, un colonel du Royal-Cravate, un vice-amiral sous l’avant-dernier règne, et enfin le père de madame Solérol était lieutenant-colonel d’infanterie à l’armée de Condé, où il a été tué.
— Tout cela est fort exact.
— Maintenant, dit encore Machefer, les Jutault de Fouronne, branche aînée depuis vingt-cinq ans, se sont éteints sur l’échafaud dans la personne de Charles-Gontran-Robert, marquis de Jutault, et garde-du-corps du roi.
— Allons, murmura Cadenet avec un soupir, je vois que tu comprendras facilement pourquoi mademoiselle de Vernières, sa cousine-germaine, a épousé le général Solérol, ami de Robespierre, et l’un de ses plus terribles lieutenants en Vendée et en Bretagne.
— Jusqu’à présent, répliqua Machefer, je ne comprends pas du tout ce qu’il peut y avoir de commun entre la mort du cousin et le mariage de la cousine.
— Eh bien ! dit froidement Cadenet, mademoiselle Hélène Jutault de Vernières a épousé le général Solérol, à la seule fin d’envoyer à l’échafaud son cousin, le marquis Jutault qui allait déshonorer pour jamais le vieux nom de sa race.
Machefer ne put retenir une exclamation d’étonnement.