Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/189

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sauver quelqu’un de l’échafaud… un parent… un ami… je ne dirai pas son frère, puisqu’il est mort.

Cadenet secoua la tête.

— Non, mon ami, ce n’est point cela… ce n’est point cela. Ce n’est pas la vie d’un homme qu’elle a sauvée.

— Qu’est-ce donc ?

— L’honneur du nom de Vernières qui allait passer à la postérité couvert de honte et d’opprobre.

— Que veux-tu dire ?

— Écoute-moi bien. T’est-il jamais venu à la pensée qu’il pouvait sonner, pour une famille de vieux et bons gentilshommes, une heure épouvantable et solennellement sinistre, où elle souhaiterait, pour son bonheur, la mort d’un de ses membres ?

— Non, dit naïvement Machefer.

— Eh bien ! dit Cadenet, une heure semblable a sonné, il y a trois ans, pour la famille de Vernières.

— Mais… enfin… qu’est-il arrivé ?

— Tu vas le savoir ; mais, auparavant, fais-moi le serment de ne rien révéler de ce que je vais t’apprendre…

— J’écoute, dit Machefer, et je t’engage ma parole

Cadenet reprit.

— La maison de Vernières se nomme Jutault de son nom patronymique.

— Parbleu ! dit Machefer, tout le monde sait cela, les Jutault de Vernières et les Jutault de Fouronne étaient cousins-germains. Seulement les Fouronne étaient branche aînée.

— Précisément.

— Et même, dit Machefer, moi qui, Provençal par mon