Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/192

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— Eh bien ? fit Machefer.

— Qu’on pourrait casser le mariage, acheva le bûcheron.

— Oui, si nous ne vivions pas sous la République.

— Mais, dit Jacomet, on prétend que la République permet le divorce… Du temps du roi, au contraire…

— Le divorce n’existait pas, veux-tu dire ?

— Justement.

— Eh bien ! je vais t’expliquer cela en deux mots, Jacomet.

— J’écoute, dit le bûcheron.

— Mademoiselle de Vernières, reprit Cadenet, s’est mariée à l’état civil seulement. Aucun prêtre n’a béni son union, et, pour nous royalistes, elle n’est pas mariée… Si le roi revient, son mariage sera cassé.

— Mais… en attendant… pourquoi ne divorce-t-elle pas, puisqu’elle a une si grande horreur du chef de brigade ?

— Hélas ! parce que, aujourd’hui, cet homme est encore tout puissant.

— Peuh ! fit le bûcheron, il est pourtant bien mal avec le gouvernement.

— Tu crois ?

— La preuve, c’est qu’il est toujours ici et qu’on ne le rappelle pas à l’armée. Depuis que Robespierre est mort, on ne veut plus de lui.

— Cependant, dit Machefer d’un ton railleur, je croyais qu’il occupait ses loisirs ici, et qu’il était utile au gouvernement…

— Ah ! le brigand, dit Jacomet, il a délivré le courrier de Clamecy à Auxerre, qui portait un sac de louis dont