Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/218

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— Mais…

— Venez ! venez ! répéta madame Solérol.

Elle éteignit la lampe qui brûlait sur la cheminée et ajouta :

— Marchez sur la pointe du pied. Le moindre bruit pourrait nous trahir.

Elle le prit par la main et l’entraîna hors de sa chambre.

D’abord ils traversèrent une antichambre, puis ils gravirent un petit escalier, arrivèrent à l’étage supérieur, traversèrent successivement plusieurs pièces et arrivèrent dans le salon rouge.

Le salon rouge était ainsi nommé à cause de sa tenture. Mais il y avait eu une raison pour que cette tenture fût rouge.

Un ancêtre de madame Solérol avait eu l’honneur de recevoir aux Saulayes là visite du cardinal Mazarin, qui avait couché dans cette pièce.

Madame Solérol se pencha à l’oreille de son cousin et lui dit :

— La chambre du général est de l’autre côté de la chapelle.

Puis elle ouvrit l’armoire et y pénétra suivie de Henri.

Tout cela s’était fait sans lumière ; mais aucun meuble n’avait été heurté, aucun parquet n’avait crié sous les pieds, et madame Solérol avait ouvert et refermé sur elle la porte de cette profonde armoire, qu’aux plus mauvais jours de la Terreur on avait convertie en chapelle, et qui occupait toute l’épaisseur d’un de ces murs féodaux comme on en trouve encore quelques-uns dans les châteaux du centre de la France.