Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/220

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était jeune ! tous deux avaient de la bassesse dans le regard et la physionomie.

Le chef de brigade disait :

— Si je n’avais pas l’espoir de commander le département et de voir nos amis revenir au pouvoir, savez-vous, citoyens, que, j’aurais fait, ce soir, une vilaine besogne. Qu’en dis-tu, Scœvola.

Celui qui portait ce nom romain répondit :

— Heureusement le Directoire est sur ses fins.

— Et les royalistes travaillent… dit le général d’un ton railleur.

— Mais la moisson ne sera pas pour eux, reprit Scœvola.

C’était le plus jeune des hôtes du chef de brigade.

— Je l’espère bien, reprit celui-ci, et je compte même en faire guillotiner quelques-uns.

— Ah ! ah !

— Mon beau cousin d’abord.

— Henri de Vernières ?

— Oui.

Le comte Henri ne put se défendre d’un léger frisson, mais il demeura immobile et continua à regarder.

— Oh ! celui-là, poursuivit le chef de brigade, je puis vous certifier qu’il sera le premier sur la liste, et même…

Il s’arrêta et eut un mauvais sourire.

— Et même ? fit Scœvola.

— Je pourrais bien l’y envoyer avant ?

— Où cela ?

— À l’échafaud.