Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/221

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— Comment cela ? demandèrent les deux hôtes du général.

— D’une façon bien simple. Écoutez… n’est-il pas convenu que ce sont les royalistes qui mettent le feu ?

— Parbleu !

— À la seule fin de renverser la République ?

— Justement.

— Eh bien ! si, par hasard, il se trouvait que Henri fût un des chefs des incendiaires… la chose est possible…

Et le général se mit à rire d’un gros rire sauvage et cruel.

— Dis donc, fit le plus vieux de ses deux compagnons, qu’est-ce qu’elle vaut, ta ferme ?

— Peuh ! trente à quarante mille livres, comme bâtiments et récoltes qui vont être brûlés…

— Ah ! je devine tout, murmura madame Solérol à l’oreille de Henri. C’est lui qui a mis le feu à la ferme ?

Mais soudain Henri se souvint…

Il se souvenait que son ami, le capitaine Bernier, s’y trouvait ; que tous deux s’étaient mis au lit sous la même clef et que de deux choses l’une : ou le malheureux capitaine avait péri dans les flammes, ou il s’était sauvé, et alors il ne manquerait pas de s’apercevoir que lui, Henri, n’était pas à la ferme, quand le feu s’était déclaré.

Ainsi, il n’y avait plus à douter…

C’était la terme de Brulé qui était en flammes.

C’était par l’ordre du chef de brigade que le feu y avait été mis.

Enfin, ce dernier espérait pouvoir l’accuser, lui Henri, du crime d’incendie.