Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/23

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— Oh ! je vous jure que non. Mes amis et moi, pendant notre séjour en Angleterre, nous avons pris des leçons d’un certain acteur anglais qui se grime à ravir, et nous serons méconnaissables ce soir.

— Pas dans ce costume au moins.

— Non certes ; nous avons dans le coffre que vous avez bien voulu nous apporter de Paris des vêtements qui seront d’un bel effet au bal du citoyen Barras, et des perruques ou des barbes qui modifieront quelque peu notre physique.

— Vous voulez donc que je vous introduise à Grosbois.

— Pas précisément. Je désirerais simplement que vous donnassiez l’ordre d’introduire les visiteurs qui se présenteront en votre nom.

— Mon cher baron, dit madame Tallien pensive et avec un accent d’inquiétude, prenez bien garde.

— À quoi, madame ?

— Si vous êtes reconnus, on vous arrêtera.

— Bien.

— Et je serai impuissante à vous sauver…

— Nous n’aurons pas besoin de vous, madame, soyez-en certaine, et vous ne compromettrez pas votre crédit, si grand qu’il soit…

— Soit, je vous introduirai… Mais, à propos, vous allez, dites-vous, changer de costume ?

— Parbleu !

— Sur la route ?

— Oh ! non pas… Cadenet et moi nous avons à cent pas d’ici, dans le fourré, un fort joli cabinet de toilette.

— Quelle plaisanterie, baron !