Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/24

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— Je ne plaisante pas, madame. Nous avons pris une maison de bûcheron et nous l’avons transformée. Ce diable de Cadenet, continua le baron en riant, y a transporté des odeurs, des savons et du vinaigre de toilette. Vous verrez que nous serons parfumés comme des petites maîtresses.

Tandis que le baron causait avec madame Tallien, Marion ne cessait de regarder l’homme qui répondait au nom de Cadenet.

Celui-ci lui avait fait un signe mystérieux. Le signe voulait dire :

« Quoi qu’il arrive, ne vous étonnez pas. Ce qui arrivera aura lieu par nos ordres et dans un intérêt commun que vous savez. »

Sur un geste du baron, un des laquais qui accompagnaient madame Tallien, ouvrit le caisson de la voiture et en retira le coffre dont il avait parlé.

Le baron prit ce coffre qui était de la grosseur d’une malle de voyage, et le tendit à Cadenet, qui le plaça en travers de sa selle. Puis il sauta en croupe de l’autre cavalier, qui s’était tenu un peu plus à l’écart.

— Au revoir… et à bientôt ! cria-t-il.

Les deux cavaliers quittèrent la route, s’enfoncèrent dans le fourré, et le carrosse repartit au grand trot en se dirigeant vers Grosbois.

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On dansait chez le citoyen Barras, l’un des trois directeurs, le seul roi de France, en réalité, depuis qu’il avait foudroyé les Parisiens, à la journée du 13 vendémiaire.