Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/230

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je voulais, par une parole comme celle que vous venez de prononcer, je pourrais vous faire passer en conseil de guerre ?

— Eh bien, on me fusillerait… et je serais au moins gardé à carreau contre la guillotine.

La femme continuait à se presser contre Bernier, et lui disait :

— Cet homme a menti… ne l’écoutez pas… je ne suis pas sa maîtresse… j’ai horreur de lui !…

— Alors, demanda Bernier, que vous veut-il ?

— Il veut me tuer ! dit-elle.

Et ses dents claquaient d’épouvante.

— Allons donc ! fit Bernier, il ne vous tuera qu’après ma mort.

Le sergent Bernier regardait silencieusement le capitaine Solérol, il avait étendu son sabre sur la tête de la femme avec un geste si impérieux, que le capitaine n’osa point avancer.

— Sergent Bernier, dit celui-ci, prenez garde, vous me manquez de respect, à moi, votre supérieur.

Bernier haussa les épaules.

Puis il passa le bras de la femme sous le sien et lui dit :

— Venez avec moi, je vous conduirai où vous voudrez… Place ! place ! ajouta-t-il en faisant tourner son sabre au-dessus de sa tête.