Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/229

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Elle s’arrêta un moment sur le seuil du cabaret, embrassa du même coup-d’œil les sans-culottes au visage abject et la martiale figure du sergent Bernier.

Et ce fut à lui qu’elle courut, répétant :

— Sauvez-moi ! sauvez-moi !

Bernier tira son sabre et prit cette femme dans ses bras.

D’autres pas retentissaient dans la rue, et ils vinrent s’arrêter à la porte du cabaret.

Alors le sergent vit apparaître un homme qui avait le visage empourpré, les yeux sanglants, l’écume à la bouche.

Et cet homme était revêtu d’un uniforme, et il avait des épaulettes.

— Le capitaine ! murmura Bernier stupéfait.

Celui qu’il qualifiait ainsi entra dans le cabaret et courut à la femme qui se pressa contre le sergent, et cria, pour la troisième fois :

— Au nom du ciel ! sauvez-moi !…

Bernier étendit son sabre sur elle, qui courbait la tête, et s’écria :

— N’approchez pas !

Mais l’homme furieux se calma subitement, et sa colère dégénéra soudain en un bruyant éclat de rire.

— Ah ça, sergent, dit-il, n’allez-vous pas, maintenant, vous interposer entre moi et ma maîtresse ?

— Je ne sais pas si c’est votre maîtresse, capitaine Solérol, répondit Bernier ; je vois une femme qui implore ma protection, et je la lui accorde… N’avancez pas, ou je vous plante mon sabre dans le ventre.

— Diable ! dit le capitaine, continuant à rire, comme vous y allez ! Mais vous ne savez donc pas, sergent, que si